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    ella_maillart      
             
    CARNET DE ROUTE
N° 4/6
 
     
     
" SUR LES TRACES D'ELLA MAILLART "
     
   















 
 
 
1er JUILLET 2000
 
 
la route du Tian Shan.

 

"Dobre Outra !"

Kak dila?


Me voila de retour au Kirghistan.
Paradis montagneux entoure de deserts, territoire de
nomades que le pouvoir sovietique n’a jamais totalement
soumis. C’est aussi un pays chaleureux et ouvert qui semble
authentiquement se rejouir de son independance.

Arrivee a Osh, deuxieme ville du pays vieille de 3000 ans,
a dominante ouzbek, ancien lieu de commerce sur la route de
la soie dans la populaire province de la vallee de Ferghana.
Visite du bazar, l un des plus eccletiques d Asie centrale
et recueillement sur le mont Suleiman, haut lieu de
pelerinage musulman; le prophete Mahomet
serait venu prier ici. A la forme d’une femme enceinte
allongee, cette colline rocailleuse rendrait fertiles les
femmes steriles.

Je dois changer mes plans.
Je ne peux plus me rendre au camps de base du pic Lenine
comme je le souhaitais car des integristes islamistes ont
pris 15 allemands en otage il y a 5 jours dans la vallee de
Karategin.
L’office des expeditions refuse de me delivrer une
autorisation.

Prend un guide, Jormat, 20 ans, etudiant en francais pour
faire un tour de la ville.
Originaire de ce pays des steppes et des yourtes il me
parait plus francais que moi!
Il ecrit un memoire sur la francophonie, me rappelle la
difference entre les phonemes et monemes dans la langue de
Moliere.
C’est dans un francais parfait qu’il me conte l’oeuvre de
Hugo qui a “frappe son imagination” et me demande si les
Francais sont bien comme on le dit “pantouflards” ?

Il m’explique qu il y a trois sortes de mafias a Och, une
gouvernementale, une de la drogue et une islamiste.
Trouve que je ressemble a Zemphira, la star de pop russe,
dois je le prendre pour un compliment?


Seule la statue de Lenine, le "sage et liberal" est restee.
Staline, trop despote a ete retire sous l’ere de Khrouchev.
Lenine trone pointant du doigt la direction que doit
prendre l Union sovietique. Maintenant si l on suit bien le
doigt il nous mene droit en boite de nuit…

A force de boire, comme eux, mon the au moment du repas, je
manque de force et je suis completement anemiee.

Pour me rendre a Bishkek, je dois prendre un chauffeur
prive car la semaine derniere un bus est tombe dans un
ravin depuis aucun ne circule sur cette longue route
escarpee.
L’on me recommende de prendre une Niva, 4-4 Lada.
Finalement, c’est en vieille Volga des annees 60 que je
rallierai Bishkek
Le trajet devait prendre 13 heures nous en ferons le double…
Escale a la sortie de Och pour prendre une babouchka
kirghise dans sa citerne.
Elle a des rhumatismes aux genoux et souhaite se rendre a
Cholpon Ata pour les rajeunir dans les eaux du Lac Issyk
Kul.
Fauteuils de la voiture sont completement defonces,
penchant sur le cote droit, pare brise fele et re-scotche
sur toute la longueur, les fenetres ne sont pas etanches,
nous suffoquons de la poussiere.

Nous faisons des bonds tellement haut que la pauvre
babouchka se mord et se coupe la langue.
Le moteur fume, le chauffeur s'arrete toutes les heures
pour mettre de l'eau dans le reservoir.
La route est si rocailleuse et la voiture si basse que
notre cable de direction s’est casse en deux…
Le chauffeur s’enerve, fume comme un pompier et cherche
dans tous les villages de quoi resouder le cable.
Finalement nous traversons les rives du Lac Toktokul de nuit

Pour rester eveille, le chauffeur met de la musique pop
khirghise a fond les tubes.


Arrivee a Bishkek au petit matin.
Apres Douchanbe c’est Back to Civilisation.
Cette ville a tout d’une ville europeenne.

Les doubles portes verouillees a triples cadenas des
apparts soviets me rappellent une anectode
Qu est ce que le bonheur en Union soviet?
C’est quand la Milice vous reveille a 2 heures du mat et
vous demande si vous etes bien Ivan Ivanovich et que vous
repondez non, c’est mon voisin…

L’on m’invite a l'opera pour ecouter des coeurs de l’armee
russe en l’honneur du depart de l'ambassadeur d'Allemagne
avec speech d'Akaev, le President de la Republique,
malheureusement dans mon petit sac a dos, je ne trouve que
des chaussures de trek, un duvet et des pellicules mais
rien pour me transformer en Cendrillon…je n’avais pas prevu
d’avoir une vie mondaine developpee.

Passe d’agreables soirees bishkekiennes en compagnie des
trois joyeux mousquetaires Bernard (officieusement vice-
consul de Patagonie et officiellement attache de la
cooperation au Consulat de France), Fernand (responsable de
la Banque europenne de reconstruction et developpement ) et
Pierre Paul (responsable des programmes Tacis) au
Kirghistan.

Le legendaire Colonel Cagnat, auteur de la Rumeur des
Steppes et consulaire honoraire au Kirghistan me donne des
conseils de securite pour mon periple dans le Tian Chan.

Promenade idyllique dans la vallee de l’Ala Archa.
Escalade quelques falaises avec des Americains.

Mon plus grand luxe est d’avoir le temps et de prendre le
temps.
I am a gipsy girl on the road again.
Chaque matin je me leve en me demandant ou je suis et sans
savoir ou je serai le soir.

Je relis des passages des Monts celeste au sables rouges et
je pourrais faire mienne ces paroles d'Ella ecrites en 1932.

“Apprendre a connaitre la Vie. Surtout la rendre vraie en
la simplifiant moralement et physiquement. Alors seulement
en gouter la saveur saine.
Tout reapprendre afin de pouvoir apprecier.
Nous avons plu ou moins perdu le prix de la Vie.
Pres de peuples simples, montagnards, marins ou nomades,
les lois elementaires s ‘imposent a nouveau.
La Vie retrouve son equilibre.
Je vais de contrees desolees, sans arbre et sans maison.
Dormant sous le poids du ciel, je saurai ce qu’est un toit.
Cuisinant sur un feu de crottin, je connaitrai la valeur du
bois.
Etre en communion profonde avec la Terre dure qui ecrase
les angles de mon corps, avec le ciel dont le dome est
enfin total au dessus du regard insatiable avec le vent,
grand vent continental, element initial.”

“La vie des nomades me captive leur instabilite m'attire,
je la sens mienne comme celle des marins: ils vont d'une
escale a l'autre partout et nulle part chez eux.
Ils voyagent encore avec leur betail et leur yourte.
Simples et hospitaliers, les Khirghises sont des hommes
libres.
Partout je cherche le secret des hommes droits qu un ciel
clair suffit a rendre heureux.
Ils ont beaucoup a nous apprendre.
Seul un retour vers leur maniere de vivre peut nous sortir
de l'impasse ou nous pietinons”.

Comme elle, je pars sur les hauteurs du Lac Issyk Kul a la
rencontre de ces nomades kirghises “coureurs d’immensite
sur un sol apre et un ciel implacable” avec Marabat ma
guide interprete nomade.

A bientot

Amandine


 

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