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    CARNET DE ROUTE
N° 13/58
 
     
     
" SIBERIE – INDE: sur les traces des evades du goulag "
     
   















 
 
 
du 09 au 15juillet 2006 / TOMTOR – YAKUTSK, RUSSIE
 
 
“Ilots de vie dans oceans de deliquessence”

 

Quand on marche, la vie est lente, tres lente et on a du mal a comprendre comment cette route, faite par les zeks du goulag, peut etre encore aujourd hui l axe principal entre Magadan et Yakutsk : il n y a pas de goudron, pas de pont debout sur 600 km, a
peine un vehicule par jour et une personne tous les 100 km. Si ca c est pas l abandon des projets de development du Grand Est, de quoi parle t on ?

On a quitte Tomtor, le pole du froid et l on marche dans le temps, sur les ossements des prisonniers constructeurs de cette voie. Elle avait pour objectif clair de relier l Extreme Est et l Est Siberien, pour assurer cette colonisation et cette maitrise
de l espace tant voulu par Staline, a l image du projet d inverser le cours des fleuves (du sud/nord vers nord/sud). Tout etait bon pour entretenir ces raisons d etres, et entre autres l envoi continue et massif de detenus quelque soit leur article de la
condamnation. Cette route, (chemin devrait on dire) est donc nee et avec elle tous les espoirs de la grande union sovietique. Et puis un beau jour, un fils de prisonnier, devenu homme de pouvoir, ebranle le systeme et la “perestroika” s installe, emmena
nt avec elle, le travail, les gens, les non-dits et les deficits budgetaires si longtemps occultes.

Notre expedition se retrouve donc vraiment sur les ossements, non seulement des hommes, mais aussi d un systeme. On s adonne aux statistiques, folles,et calcules impropables ou finalement, on place cinq fois la France dans la Yakoutie pour seulement un p
etit million d habitants. Alors il est evident que ces villes en ruines ou les ponts effondres soient distant de 100 km sans rien ni personne. Et puis il y a de beaux sursauts de vie, comme l exception confirmant la regle, a l instar cette station meteo.
Natacha (28 ans) et Roman (29 ans) nous rappelle l histoire du lieu: jusqu en 1956 c’est une direction de repartition des prisonniers dans les camps entre Yuchygey et Khandiga. Apres le 20eme congres du parti, en 1956, fermeture du site concentrationnai
re et transformation en station meteo. Puis la perestroika ferme ces stations jusqu’en 2000 et depuis quelques annees la lutte reprend. Comme une des rares choses a se devolopper encore ici et a survivre, un programme international de mesures meteo, plac
e une station gardee par un couple tout les 100 km sur tout le teritoire Russe. Parcequ ici par -50 degres, on ne fait confiance qu’a l’homme. Surement aussi que 16.000 Roubles par couple (450 euros), c’est moins cher que des machines a reparer, quand l’
isolement est le maitre mot.
Alors que penser aussi de ces camps d’ete de geologues en herbe, organises depuis 34 ans dans les bois avant Khandiga, a 100km de la premiere ville? Ca aussi c est un ilot de vie au milieu d’un pays en ruine: on peut inaginer par immersion, ce que furent
les Jeunesses Communistes (Konsomolsk) et leur organisation hierarchisee en brigades. Tout y est aussi pour nous rapprocher du Goulag (le diurecteur lui meme appelle son camps, un sourire au levres, et ses 2eme annees de geologues, le “petit goulag”): l
es chalits(1), la bouffe, les horaires, les revues, le matin et le soir, les unitformes unisexe et taille unique (trop grand ou trop petit) et le reel manque de motivation de ces jeunes pour ce qu’ils font. Meme leur capacite a accepter ce qu’ils font ma
lgre eux, le fatalisme de leur demarche et le silence de l’acceptation de la contrainte, de la peine, de la douleur, de la faim n’est pas sans rappeler les ecrits de Soljenitsyn.
La seule difference avec de vrais detenus c’est qu il ne connaissent pas leur histoire: les goulags, leurs raisons, cela ne represente que le passe. Il est certain que ce n’est pas aussi interessant qu’une bouterille de Vodka consommee sous le manteau au
camps et a la barbe du reglement.

Dans “l’archipel du goulag”, A.S , mentionne aussi la collaboration des autoctones, salutaire au systeme car ils sont le dernier rempart des evades sur qui ils n’hesitaient pas a tirer. Objectif: s’attirer les faveurs des autorites et surtout eviter de s
e retrouver a son tour derriere les barbeles. Or ce sont ces memes Sakha, Evesnks et autres ethinies qui nous acceuillent aujourd’hui, et confirment l’opiniatrete de la resistance du genre humain a durer sur ses terres.

Finalement cette resistance, ces ilots, sont notre salut, notre lien avec le passe et cette extraodinaire russie. Mais c’est surtout le firmament de la resistance passive qui a fait cette nation.

Guillaume et Cyril par Internet



Ce texte est possible grace a la participation du Groupe ISEG, et nous dedions le travail de cette semaine a ses etudiants.

(1) chalit = couchettes communes en bois sur lesquelles les prisonniers dorment. Fabriquees sur deux niveaux continus et de la longueur du batiment. Un homme a environ son epaisseur pour dormir...

 

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