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    CARNET DE ROUTE
N° 15/58
 
     
     
" SIBERIE – INDE: sur les traces des goulags "
     
   















 
 
 
du 23 au 29 juillet 2006 / TOMMOT – NERYUNGRY, RUSSIE
 
 
“ Un jour de Giena Tourlourovich ”

 

Il nous a frequemment ete demande de decrire une journee type de notre vie nomade sur les traces des Goulags.
Nous relevons le defi et ne nous vous presentons pas Gwiena Tourlourovitch notre hero.

De sa tente individuelle, longue comme une tombe et large comme une porte de placard, Gwiena emmerge de son sommeil a cause de l humidite croissante qui le colle au duvet. Il est 08h15 et cette journee s’annonce ensoleillee et chaude. S’extirper de son c
ocon n’est pas une mince affaire, et c’est l’occasion de se faire piquer par les 1ers moustiques du jour. Il n’a pas le temps de se prelasser au soleil, s’il veut passer une bonne journee a l’abris des piqures, il doit s’habiller rapidement.

Les premiers gestes repetes (sortir le duvet pour le secher au soleil, nettoyer la tente de ses insectes,…), Gwiena profite de la riviere Aldan pour se faire une breve toilette et avaler son petit dejeuner de raisins secs et noix.

Ces gestes peuvent sembler rebarbatifs mais correctement secher sa tente, son duvet et ne les plier qu’une fois sec est vital: ca conditionne le prochain sommeil.

Cette rive est sympathique, le courant est faible, la riviere est large et les pins donnent une ambiance mediteraneenne a une realite siberienne. Le devoir le rappelle: prendre la direction du village a quelques centaines de metres pour enqueter sur la p
resence d’un musee, d’un goulag et pourquoi pas de temoins.

Les contacts se succedent et il est envoye de l’internat de filles, a l’ecole puis a la bibliotheque mais sans resulats probant. Si ce n’est l’existence d’un musee de l’autre cote de la riviere. Il doit encore s’agir d’une propagande de la richesse local
e qui comme toujours omet une partie de l’histoire, celle de la repression, mais se gausse des heros de guerres, des technologies et des sportifs renommes du cru. Il n’est donc pas presse de s’y rendre et passe dans une echoppe pour acheter deux litres d
’eau de meilleure qualite (parait-il…).

Comme souvent le hasard fait bien les choses, car la vendeuse connait un commercant qui en sait plus sur la repression. Valera, Russe et fier de l’etre, la cinquantaine, les yeux bleux et la peau bronzee, lui parle de suite de la presence d’un camps de f
emmes a 5km, en aval de la riviere . Il rajoute ausssi comme si de rien n’etait, pointant au loin la berge opposee: “la mere de ma femme, ukrainnienne deportee et dont le mari fut fusille sur le champs, a ete interne dans ce camps pendant 5 ans”. Il n’a
probablement pas mesure l’impact de ses propos sur Gwiena qui donne rendez vous a Valera a 18h pour y retourner. Car il part sur le champs longer la riviere pour decouvrir le lieu.

Ca n’est qu’a 15h30 apres 2h30 de marche entre passage de gues, affluents, roseaux et moustiques que le but est atteint. De loin cela semblait etre un camps en excellent etat avec toutes ses composantes (mirador, toits alignes, baraques en bois) mais en
fait il s’agit d’un village habite en mauvais etat. Le temps est compte. Juste de quoi etre convie chez une grand mere pour un verre de lait et un poisson cru, mais sans pouvoir vraiment comprendre s’il est sur un ancien goulag.

Le retour se fait rapidement mais sans pouvoir eviter l’orage qui menace. Interpele par des jeunes femmes curieuses, a leur aise en maillot sur la plage de galets et faisant fit de la pluie, Gwiena couvre son sac a dos d’une housse etanche, gardant un oe
il inquiet sur ces messieurs emmeches qui lavent leur voiture a quelques metres.

L’heure du rendez vous approche et le temps manque, quand une barque a moteur propose au „tourist“ de grimper a bord et d’etre jete a destination 15 minutes plus tard. Valera est parti mais ses collegues magasiniers voyant arriver Gwiena lui ont deja tel
ephone chez lui.

L’incroyable engrenage d’hospitalite se met en route, le ramenant a ce fameux hameau qui s’avere etre un goulag devenu village. Le the, les biscuits et le comcombres pleuvent, alors que les discussions pour savoir ce que sont devenus les restes et les te
moins de cette epoque vont bon train. Tout est mort avec la derniere victime 2 ans auparavant. La memoire s’efface, sans traces laissees…

S’en suit le retour au domicile de Valera, avec la presentation des serres, du jardin potager des fils et surtout du Banha.
Il est 21h30, nu comme un ver il est fouette par 75 degres, et y laisse presque son coeur et toute sa sueure. Amorphe, le diner de borsch est servi. Les deux dormirons dans la meme piece, le salon-atelier-chambre-salle de television. Cette derniere diffu
se “danse avec les loups” double avec une seule voix par sexe pour tous les personnages.

Le matelas est moins dur, le sac de couchage toujours emballe dans le sac a dos. Le reveil demain ne sera pas du a la condensation et la chaleur de la tente en tout cas.

Bolchoi Spassiba Valera!

Guillaume et Cyril par Internet







 

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