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    CARNET DE ROUTE
N° 58/58
 
     
     
" Sibérie – Inde : sur les traces des Goulags "
     
   
 
 
 
01 juillet 2007 / Vientiane, LOAS.
 
 
[ 2 / 2 ] "Deux mois, 0 kilomètre, 200 pages"

 



Les mêmes questions sont posées souvent : raconte ton voyage ? Comment était-ce ? Raconte le meilleur moment ? le plus dangereux ?
Bien que les mêmes questions reviennent il faut y répondre dans le respect de la 1ere fois. Mais j’ai peur qu’une lassitude s’installe et m’empêche, de prendre du plaisir à l’exercice. Car de toute façon comment réussir à résumer 11 mois de voyage en que
lques minutes. Je ne suis pas sombre, je ne suis pas désabusé, il y a encore pour le moment un décalage entre mon existence passée sur la route, et la réalité du monde dans laquelle les personnes que je côtoie vivent. Un monde duquel les questions sorten
t naturellement pour se heurter à ce drole de planète qu’est l’évasion.

J’ai toutefois plaisir à répondre aux questions, d’autant qu’elles sont précises. Les détails me plaisent et pouvoir les expliquer me replonge dans des sensations agréables. Malheureusement, cette tribune est trop étroite pour y parvenir et cela fera l’o
bjet d’un livre.
Dans les « questionneurs », il y a ceux qui se tiennent silencieux car ils ne savent pas comment aborder le sujet. Au contraire, il y a ceux qui ne cessent de poser des questions, dont ils n’attendent même pas les réponses pour placer la question suivant
e. Et puis il y a cette classe de CE2 qui m’a invité dans son école à Bozel, pour partager mon voyage et cette expérience.

Ils avaient entre 7 et 10 ans, un Nouveau Monde s’ouvrait à moi. Parler des choses compliquées, de la manière la plus simple, le plus imagée. Devoir expliquer, à des enfants, les raisons de Ma folie, les raisons pour lesquelles on peut emprisonner des in
nocents, les raisons pour lesquelles on s’évade. Sans les alarmer, mais en étant honnête pour qu’ils comprennent, et qu’il s’en souvienne. Car l’enfance est l’avenir, c’est une fenêtre sur le monde, c’est à eux qu’il faut s’adresser. C’est d’eux dont il
faut s’inquiéter, pour être sûr qu’ils ne manquent de rien, qu’ils aient toute la connaissance nécessaire pour vivre libre.

Pendant la marche, j’ai régulièrement fait le même rêve : naitre retraité, prêt à vivre sa vie avec toute la connaissance nécessaire, et mourir nourrisson. Un monde à l’envers. Peut être le mien. Un monde peu connu vu de l’intérieur pour se rapprocher de
ces Hommes qui ont fait acte de courage et aujourd’hui pour lesquels la mémoire et la reconnaissance s’efface. Pour ne pas la laisser quitter notre monde et bien que cette expédition s’achève ici, une nouvelle aventure est lancée : l’écriture du récit e
t la production du documentaire sur les Goulags.



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Texte : Cyril Delafosse-Guiramand




 

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