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    CARNET DE ROUTE
N° 12/12
 
     
     
" Controverse historique dans la vallée des assassins "
     
   















 
 
 
23 août 2003
 
 
Qazvin à Alamut

 



Entre Qazvin et la mer Caspienne se niche le château d’Hassan Sabbah. Un homme de bien pour les Iraniens. L’initiateur de la confrérie des Hashisshiyun, les Assassins, pour les Occidentaux. Visite sur un sommet des incompréhensions occidentalo-orientales
.



Le site est grandiose. Mais il a fallu le mériter. Pendant trois heures, notre voiture des plus modernes a ahané pour franchir les 70 kilomètres de cols et de vallées séparant Qazvin de la forteresse d’Hassan Sabbah, le fondateur des Assassins de funeste
mémoire occidentale. Le nom vient de là. « Cet homme est un de nos héros », précise cependant un homme rencontré dans la rue à Qazvin. La question maintes fois posée a toujours obtenu cette réponse. Hassan Sabbah est un homme de bien. « Il a réussi à ar
rêter les Arabes », insiste un réceptionniste. « Il nous a défendu contre les envahisseurs, poursuit un commerçant. C’est un grand résistant ».
Pour les Occidentaux, Hassan Sabbah est pourtant le prototype du sanguinaire terroriste. C’est le Oussama Ben Laden des temps médiévaux. L’archétype du méchant façon hollywoodienne. Qu’en est-il réellement ?
Notre homme, l’un des esprits les plus développés de son temps, est né en 1040 alors que les Turcs Seldjoukides envahissaient le pays. En 1051, les armées turques prenaient Ispahan. La résistance à cette occupation s’est développée dans le nord de la Per
se et la technique de Hassan Sabbah a été particulièrement efficace. Il s’agissait de monter des assassinats politiques sur des personnalités en vue. La mort de Malik Shah, dont l’assassinat a été porté au crédit des hommes de Hassan Sabbah, a sonné le g
las de la domination seldjoukide. Mais les Hashisshiyun ont d’autres faits d’arme à leur actif. Ils ont éliminé de la surface du globe des Emirs, des puissants et des Croisés lancés à la conquête de Jérusalem fin du XIe siècle. Or, cette confrérie Hashis
shiyun, branche de l’islam ismaélien, a été largement combattue par les forces dominant cette région. Ceci explique en partie la mauvaise réputation des hommes de Sabbah. Ces puissances ont eu l’occasion de donner au monde leur vision, forcément négative
, des techniques Hashisshiyun. Selon les dires de leurs ennemis, les soldats d’Hassan Sabbah, avant de procéder à l’élimination de leur cible, étaient gavés de hashish, conduits dans des jardins paradisiaques fréquentés par des jeunes filles magnifiques.
Hassan Sabbah leur expliquait ensuite que, s’ils voulaient de nouveau connaître ce paradis, il fallait exécuter ses ordres et procéder aux assassinats. Cette thèse a été remis en question par de nombreux spécialistes. Pour eux, il est en effet difficile
d’obliger quelqu’un à se sacrifier pour qu’il retrouve ce type de paradis. De plus, la technique de meurtre utilisée par les Hashisshiyun était longue et compliquée. Parfois, ils restaient des années au service de leur cible, progressaient dans l’échell
e sociale pour être suffisamment proche de leur victime. Cela contredit l’importance du hashish dans l’endoctrinement de ces soldats. Tout laisse donc à penser qu’Hassan Sabbah savait convaincre ses hommes de l’importance de la résistance à l’envahisseur
. C’est cette version qui a court en Iran. « Hassan Sabbah was a good man, commente un chauffeur de taxi. Et un stratège hors pair ». Notre montée vers Alamut, ville sur laquelle se situe sa forteresse, nous convainc au moins d’une chose. Hassan Sabbah s
avait placer ses chateaux-forts. Après deux montées et passages de col à 2500 mètres, deux redescentes dans des vallées profondes, la dernière montée vers Alamut est impressionnante. Le château est littéralement collé à la montagne. Pour y accéder, les h
ommes de Sabbah devaient enfin gravir un piton rocheux situé à 2400 mètres d’altitude. Dans cette forteresse, que les Mongols ont rasé, qui s’y connaissaient en assassinats massifs, , une centaine d’hommes pouvaient vivre et se désaltérer. Creuser dans l
a roche, un puit permettait à l’eau de remonter à la surface. Pendant près de deux cents ans, Hassan Sabbah et ses successeurs ont tenté d’infléchir le destin de la Perse. Ils n’y sont jamais parvenus. C’est surtout cela que les Iraniens d’aujourd’hui dé
plorent : leur puissance perdue.




Texte : Gwenole Guiomard (gguiomard@free.fr)
Photos : equipe Taklamakan
Webmaster : Cyril Delafosse (cyril@taklamakan.net)


 

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