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paris_kaboul |
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CARNET
DE ROUTE
N°
11/12 |
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" Pour un foulard et quelques poils de plus
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L’opposition des jeunes Iraniens à leur régime politique est aussi une lutte d’apparence. Les contestataires sont tous rasés de près alors que leurs alter ego féminins rivalisent d’imagination pour repousser les limites de la décence autorisée.
Que se passe-t-il si une jeune iranienne se ballade dans la rue sans couvre-chef ? « Absolument rien, précise, Leila (1), une jeune étudiante de Qazvin, ancienne capitale de l’époque séfévide (1500-1800 de notre ère). Cette question n’a pas de sens. Une Iranienne ne peut imaginer cela. Alors nous inventons d’autres subterfuges ». L’idée de ces jeunes femmes est de repousser toujours un peu plus loin les frontières de la décence. Une limite qu’impose un gouvernement qualifié de « vieux » par les étudian ts rencontrés. « Il s’agit ici d’une lutte éminemment politique, précise Darius (1), diplômé en philosophie par l’université de Téhéran. C’est une forme de défiance envers le régime. Nous n’avons pas beaucoup de moyens d’expression à notre disposition. C elui-ci en est un. C’est aussi une façon de se reconnaître. Je sais, en regardant, une jeune femme, quelles sont ses idées politiques. C’est la même chose pour les hommes. Au premier coup d’œil, en regardant sa coiffure, sa chemise ou ses pantalons, je s ais si j’ai à faire à un opposant ou à un zélote du régime ».
Les opposants sont donc tous systématiquement rasés de près. Pour un jeune homme, c’est le premier stade du rejet des « mollahs ». Ensuite, il portera des chemises le plus près possible du corps, largement ouvertes sur la poitrine. Le fin du fin est auss i d’arborer une coiffure la plus longue possible. Avec une préférence pour les cheveux gominés que l’on ramènera vers l’arrière. Un pantalon moulant viendra compléter efficacement la garde-robe. A contrario, les soutiens au régime (mais en existe-t-il en core beaucoup chez les 20-30 ans ?) arborent une large barbe d’un noir de jais. La chemise est à manche longue et le dernier bouton est réglementairement fermé.
A ce petit jeu de l’opposition muette, les jeunes femmes ne sont pas en reste. Tout d’abord, on sent une opposante avant de la voir. Ces dernières, selon les vents dominants, sont suivies ou précédées d’effluves de parfums. Ensuite, les plus hardies main tiennent, dans un équilibre des plus précaires, un morceau de tissu sur la tête. Comme il n’est pas noué, la moindre brise fait s’envoler l’étoffe. Ces jeunes femmes portent en général une tunique noire leur couvrant l’ensemble du corps mais laissant vo ir des pantalons jeans ou autres très serrés, taille basse, des chaussures aux talons les plus hauts possibles. « Il faut oser mettre ces tenues, explique une jeune femme. Moi, je n’en ai pas le courage. Alors je porte le foulard classique (le magnae) so us lequel je crève de chaud. Mais il n’est plus question que j’enfile le chador. Il n’y a plus que les personnes âgées pour le faire ». Ainsi va la vie en Iran. La jeunesse s’exprime vestimentairement mais aucun relais politique ne les écoute. « Nous n’a vons pas eu de chance de naître dans ce pays, à cette époque, conclut un jeune ingénieur agronome. J’espère que tout cela va changer rapidement ». Le jeune homme se lève, propose de la Vodka et lance un toast : « A la liberté ».
(1) Tous les noms des protagonistes ont été changés à leur demande.
Texte : Gwenole Guiomard (gguiomard@free.fr)
Photos : équipe TAKLAMAKAN
Webmaster : Cyril Delafosse (cyril@taklamakan.net)
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