clic for English version
			paris_kaboul

		CARNET DE ROUTE N° 9/12
					" Sur la route (iranienne) "
				20 août 2003     Tabriz à Qazvin   Une tentative de pastiche sur l’ouvrage mythique de Jack Kerouac. Avec les beatniks en moins mais les camions sans frein, les Paykan conduits par des pères de famille survitaminés et les piétons en plus. Jack Kerouac, un compatriote, me pardonnera - ses héritiers aussi je l’espère – d’utiliser le titre de son roman culte. Mais il faut dire que l’Iran a – sans ironie aucune – un petit air des Etats-Unis, façon années cinquante. Les Buick, Dodge et autre C adillac qui peuplent les routes iraniennes ne sont pas seules en cause. On trouve, ici, en Iran, une certaine nonchalance, un certain esprit libertaire digne des écrits du grand Jack. Sur la route donc. Sur la route en compagnie des routiers qui en sont les princes. A bord de leurs camions tous plus âgés les uns que les autres, la devise de cet ordre guerrier est de foncer. Foncer quoi qu’il arrive. Qu’il pleuve, qu’il vente, que les routes soient de montagnes ou quasi autoroutière, le camionneur iranie n a condamné ses freins et bloqué son accélérateur, position toute vapeur. Gagné par cette frénésie, le bon père de famille suit le tempo. Il conduit toute sa famille, quatre personnes devant et quatre derrière, au volant d’une Paykan, blanche, copie con forme de la très britannique Hillman Hunter. Les sujets de sa gracieuse majesté ont arrêté sa production il y a fort longtemps. Pas les Iraniens. Le scénario est des plus classiques. En général, un petit camion, dont le moteur poussif interdit de participer à la course, bloque les concurrents. Ces derniers, très rapidement, prennent les choses en main et une longue file de voitures, camions, motos se met à doubler. Cette chenille peut mesurer une centaine de mètres, tant et si bien, que tout le monde se retrouve sur la voie de dépassement. Problème : elle se trouve, aussi, être le chemin qu’empruntent en sens inverse une autre série de belligéran ts tous plus assoiffés de vitesse les uns des autres. Qui va gagner ? La plupart du temps, dans un vacarme d’avertisseurs très stridents, de cornes de brumes, dans lequel vient se noyer notre pauvre klaxon, les voitures se rangent, évitant ainsi un effr oyable carambolage. Parfois, quatre voitures ou quatre camions se croisent, deux d’un côté de la route, deux de l’autre. Souvent, ils sont trois empruntant la même direction, laissant peu de place à l’ultime véhicule arrivant en face. Il faut aussi savoi r se ranger in extremis sur le bas côté de la route pour laisser passer une Paykan, remplie jusqu’au toit de passagers. Mais il faut également faire attention aux arrivées de voitures vous doublant sur votre droite, utilisant à bon escient le peu de plac e sur le bas côté de la route… Sur les voies les plus dangereuses, ce chassé-croisé fait des dégâts. Un kamikaze s’est retrouvé nez à nez, dans un virage, avec un pauvre bougre arrivant en face. La collision était inévitable. Les autorités iraniennes prennent cela avec philosophie. Le s voitures restent sur place un bon moment. Un embouteillage se forme et tout le monde passe, au ralenti, devant deux véhicules, le pare-brise en étoile. Mais une fois l’accident passé, les Iraniens reprennent de plus belle leur course suicidaire. Dans c e contexte, les chiffres de mortalité sur la route en Iran ne sont pas une surprise. Pour un pays de 70 millions d’habitants, on dénombre environ 14 000 morts par an, le double de la moyenne française, qui avec 60 millions d’habitants pour 7000 morts pa r an, est, pourtant, l’un des mauvais élèves de la classe européenne. Ici, en Iran, c’est le bonnet d’âne qui est réservé à tous les conducteurs, nous inclus. Texte : Gwenole Guiomard (gguiomard@free.fr) Photos : Mark Buscail (buscailm@club-internet.fr) Webmaster : Cyril Delafosse (cyril@taklamakan.net)     LA PHOTO DU JOUR   Une image rare, dans laquelle nous avons failli passer par dessus le muret... c
				L'expédition Paris-Kaboul. Dernières infos sur l'Afghanistan avec Le Point
		----------------

Copyright : Association Taklamakan n° 0691044600 chemin de borne, villemertin 73350 BOZEL webmaster@taklamakan.net