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    CARNET DE ROUTE
N° 55/58
 
     
     
" SIBERIE - INDE: sur les traces des goulags "
     
   















 
 
 
01 avril 2007 / à Vientiane, LAOS - ARRIVEE
 
 
« Que reste t il ? »

 

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"You say that the world’s bourgeoisie is against you; but a greater force than that is opposed to you, the conscience of the world is against you." Karl Chapek.
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Vientiane, est à mes pieds… c’est très dur à croire mais j’y suis, JE SUIS ARRIVE !

Assis les pieds dans l’eau, les fesses sur le bord de la pirogue, je regarde devant moi le grand hôtel blanc de douze étages. C’est ma première image urbaine depuis la chine, mon premier contact avec mon objectif final. Il me faut du temps pour prendre c
onscience de ce qui se passe.

« Magadan Vientiane » sonne comme un titre de rallye automobile fou, mais en fait cette petite folie pédestre aux yeux du monde moderne, toujours plus rapide et frénétique, a été une fenêtre sur le monde. Un élan que je n’ai pas envie d’arrêter (« La vie
urbaine nous fait oublier notre corps. La marche met, au contraire, tous les sens en éveil. » Priscilla Telmon) et dont mon corps réclame sa dose quotidienne. Sans dédoublement, il ne m’a jamais demande d’arrêter, m’a couvert de surprises et de bonheur,
fatigue parfois et toujours là au bon moment, demain il me demandera sûrement de vraies vacances.

Je revois la photo du roi a Luang Prabang et me rappelle qu’il avait des artistes marionnettistes qui ont du ranger leurs poupées lors de la révolution. Récemment, elles ont retrouve la lumière, sorties d’une boite poussiéreuse sous les larmes de leur ma
nipulateur de l’époque. L’un des artistes parlaient d’elle comme si elles étaient vivantes : « Elles ont une âme et pour chacune d’elles, on respecte des rites particuliers ». Son élève de rajouter « le marionnettiste n’est qu’un medium de la marionnette
». Et la poupée prend vie.

Il me plait de croire que cette marche au delà du rôle d’épurateur qui permet de « retrouver son instinct primitif, sa place, sa vraie position, son équilibre mental et physique» (Jacques Lanzmann) est le medium d’une réflexion sur les goulags et sur l’o
ppression… Non seulement un vecteur de rencontres mais un fil conducteur de compréhension, un acte de Mémoire dans les pas réels de ceux qui m’ont précédé. Car Personne ne doit oublier qu’une société sans mémoire est une société appelée à disparaître d’a
illeurs...

Seule la nature restera. Je me suis incline face à la nature, toujours la respectant et lui demandant le droit de passer. De la simple prière à l’offrande, j ai fait dont de mon temps pour sa clémence. Un soir de solitude j’écrivais ces lignes : « Toi qu
i m’as soutenu ces longs mois, toi qui a laisse mon pas te traverser et mes larmes te dire ma peine, merci pour ton feu, merci de ta bienveillance, merci de tes leçons, merci de m’avoir laisse gagne la liberté ! » Car de toute façons, les seules barrièr
es ont été humaines.

Et comme si durant tout ces mois j’avais appris une autre mesure du temps, quand je décroche de mes rêveries le regard fixe, il s’est déjà passe 20min. J’enfile mon sac, sûrement pour la dernière fois, j’amarre la pirogue et les baskets dans une main, je
traverse la longue plage pour arriver en ville.

Mes derniers pas seront vers l’ambassade de France, mon pays, mon salut. Mais avant je décide de faire un détour par l arc de triomphe, copie asiate de notre monument au mort national, pour un dernier tour de stade (et parce que mes jambes ne veulent pas
s’arrêter…) !

La boucle est bouclée, la liberté est là… j ai survécu eux non. La liberté a un goût amer (encore plus quand on est libre) car elle est impalpable (sauf à tenir une palissade de barbelés), elle est transparente, elle n’a pas d’odeur. Mais Dieu que la pri
son PUE ! Au moins ça sent moins mauvais dehors. C’est un sentiment, si riche mais tellement relatif. Pour certain c’est le bonheur d’acheter quelque chose, de grand ou de petit, de posséder un bien. Pour d’autre c’est de pouvoir parler sans risque. Pour
d’autre encore, le plaisir de pouvoir regarder les étoiles sans se justifier. Pour certain de se dire que personne d’autre qu’eux même, n’a de droit de vie ou de mort sur eux... et que ça… ça valait bien un détour de 11.000km.

Alors que reste t il après ? D’abord, sûrement de mieux respecter les différences, mais surtout, de continuer à se battre pour que cela n’arrive plus. En commencant par connaître l’Histoire pour ne pas oublier.
NE PAS OUBLIER.


Texte de Cyril Delafosse-Guiramand


 

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