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    CARNET DE ROUTE
N° 5/12
 
     
     
" Les deux Istanbul "
     
   















 
 
 
14 août 2003
 
 
Istanbul à Istanbul

 



Istanbul, la porte de l’Orient, est une ville tentaculaire où Turcs et touristes s’apportent mutuellement ce qu’ils ne possèdent pas. Argent pour les uns, dépaysement bon marché pour les autres.




Tout d’abord, il y a l’Istanbul des Turcs. Dès l’entrée dans la ville, cette cité vous saute immédiatement au visage. Vous ne voyez plus qu’une mégalopole où plus de 20 millions de personnes viennent s’entasser sur une terre qui n’en peut plus. Le chiffr
e officiel comptabilise 12 millions de Stambouliotes. C’est l’Istanbul des bidonvilles, des transports en commun bondés, de la pollution et des embouteillages. C’est aussi la ville où le salaire minimum ne dépasse pas les 200 euros bruts par mois pour le
s hommes et une centaine pour les femmes. C’est également la cité de l’espoir pour des centaines de milliers de damnés de la terre fuyant leur campagne. S’agrègent ici, de part et d’autres du Bosphore, Anatoliens et Kurdes à la rechercher d’une nouvelle
Jérusalem urbaine. C’est enfin la ville qui a élu un maire proche des fondamentalistes musulmans. Ce dernier a promis à tous ces déshérités de s’occuper d’eux, de leur fournir du travail, un toit décent, de l’éducation pour leurs enfants et une protectio
n sociale pour tous.
Ensuite, très rapidement, pour les Occidentaux et pour une minorité de Turcs, arrive l’Istanbul des cartes postales. L’Istanbul comme on peut la rêver. Celle du Bazar aux échoppes multicolores et aux touristes japonais, celle de Sainte-Sophie, des restau
rants à 10 euros par repas où la bière coule à flot. Celle des bains turcs pour touristes à 15 euros que les anciens Stanbouliotes délaissent faute de moyen et que les jeunes Turcs méprisent tant ils considèrent cela démodés. Celle aussi des hôtels à 30
euros la nuit (soit un sixième du salaire minimum mensuel) envahis par de jeunes routards européens dont la tenue semble déplacée dans de tels établissements avec piscine en sous-sol et restaurant dominant le bosphore. Transposez alors l’Istanbul de 2003
dans une ville française. Imaginez alors des troupeaux de Turcs, trop jeunes pour le type d’établissement qu’ils fréquentent, pas spécialement propres, pas forcément bien habillés, débarquant et réglant sans barguigner une nuit d’hôtel représentant envi
ron 200 euros. Vous comprendrez alors le fossé qui séparent Turcs et touristes à Istanbul. Malgré toute leur convivialité, les tentations des locaux est alors forte de profiter de chaque « étranger » pour améliorer le quotidien. Chacun joue donc son jeu.
Les Turcs sourient pour faire bouillir leur marmite et les touristes s’émerveillent sur le Topkapi, se perdent dans le dédale de la ville ou se font savonner dans un bain turc pour ne pas voir la misère. Mais chacun doit se cantonner dans son rôle. Car
lorsque le touriste omet d’acquitter la bonne somme ou qu’il refuse de payer le prix pour les étrangers, la tension monte très vite, remettant les choses au clair : chacun est ici pour profiter les uns des autres.




Texte : Gwenole Guiomard (gguiomard@free.fr)
Photos : Mark Buscail (buscailm@club-internet.fr)
Webmaster : Cyril Delafosse (cyril@taklamakan.net)

 

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