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    CARNET DE ROUTE
N° 51/58
 
     
     
" SIBERIE - INDE: sur les traces des goulags "
     
   















 
 
 
11 au 17 mars 2007 / a Luang Prabang, LAOS.
 
 
« Le Parasol blanc»

 


Jamais Romain P., marcheur du goulag, arrivé ici en 1952 n’aurait cru ce que je vois. La faucille et le marteau, sur un drapeau, flottent à cote d’un second etandard aux couleurs nationales. 55 ans ce sont écoulés au Laos, entre lui et moi, dont 25 de co
nflit et 30 de communisme. Retour sur cet épisode.

De Oudomxai à Luang Prabang il a choisi la solution la plus courte, mais pas la plus simple. Il est aller tout droit, dans la jungle, les collines et les petits monts, écartant les bambous, les manguiers et coupant les lianes des segments de forets primi
tives. Il se fraya une route dans les fonds de vallées, longeant les champs de riz gluant des villageois. Quelques grosses rivières furent traversées et par hasard le voila qu’il rencontre un brigadier français dans un village Hmong.

Le français de Romain P. est rouillé, les idées affluent mais les mots ne sortent pas. Il a du mal a contenir sa joie et son excitation, mais l’expérience des mois passes, le rend suspicieux et il ravale par précautions intuitives les réactions qui le ve
ndraient a l’ennemi. Le brigadier, douanier de métier, est moins surpris que Romain et lui explique qu’il est juste la pour effectuer un comptage humains et s’assurer de ce que « les statistiques de l’Indochine sont correctes ». Il s’enquiert en retour d
es raisons de sa présence : « un voyage initiatique a travers l’Indochine » lance Romain P.

« Deux jours de marche en direction Sud/Sud-est pour trouver la capitale royale du Laos » continue t-il. Mais d’ici la, il l’invitera dans son campement. La nuit tombée tôt, emmène des moucherons par nuées et met un terme au 40ºC grâce a une brise de val
lée.

« Vous savez ou vous allez au moins ? » questionne-t-il, servant de l’eau fraîche d’une gourde de la Légion Indigène. Le riz gluant et le poulet au basilic empêchent Romain de répondre.

Le douanier se lance dans un monologue.
« C’est une belle ville, qui aurait été choisi par Bouddha (« l’emplacement de bouddha »). Et le protectorat y est bien accepte. C’est sûrement encore grâce a Auguste Pavie… et ces miracles, dit il en rigolant. En fait je dis ça mais depuis août dernier
(1951) c’est un pays indépendant, devenue monarchie constitutionnelle. La belle description de Luang Prabang capitale du « royaume du million d’éléphants et du parasol blanc » n’est pas si loin en fait…» annonce t-il blasé.

Le reste est complique : la seule chose qui ne change pas c’est le Mékong. On se prend des revers militaires, les communistes prennent de l’influence grâce au vietminh, les alliances politiques se font et se défont… Mouhot (premier Français à visiter Lua
ng Prabang en 1859) aurait adore cette époque compliquée. Mais aujourd’hui Messieurs Trinquier et de Lattre de Tassigny (commandant en chef en Indochine) lancent des groupe de maquisards Hmong contre les communistes du Pathet Lao (« nation lao ») histoir
e de ne pas perdre l’accès à Dien Bien Phu et de conserver l’Union Française intacte… Mais le nationalisme asiatique est en route depuis le départ des Japs… ». Il soupire, « moi je peux vous dire que tout ça ne va pas durer… trois divisions viets contre
des guerrilhas, ils ne font pas le poids. En attendant, je compte ceux qui restent. »

« D’ailleurs, vous savez Romain c’est a cause de mon boulot que les laos ont un Nom de famille maintenant… Avant les français le Laos était plus une famille qu’une nation il n’en avait pas besoin. »

Quelques jours plus tard Romain est arrivé au temple Wat Long Khune, en face de Louang Prabang. Traditionnellement le futur roi devait s’y retirer pour méditer avant d’accéder au trône. Sur l’autre rive, celle de la capitale royale il découvre le Wat Xie
ng au levé du jour et observe le rituel des moines en toge orange safran, marcher nus pieds et recevoir l’aumône… un geste séculaire de solidarité entre la population qui doit nourrir ses sages et ces derniers protéger les habitants des démons avec leur
prières.

C’est une ville traditionnelle bercée par le calme du Mékong à l’architecture coloniale formidable. Mais seuls les musées et les ONG de déminage rappellent un passe douloureux de guerre mené par l’Amérique libérale soucieuse de contrer la « contagion rou
ge ». Un ancien pilote de T-28 me dira que le résultat de cette terrible Guerre Secrète 30 ans après la révolution du Pathet Laos, est qu’ « il ne reste qu un communisme de façade dans un laos qui recherche la modernité » Je me laisse a imaginer ce que c
ette belle ville était autrefois.

Aujourd’hui, a mes yeux, seuls les uniformes de la police, les AK47 ou les drapeaux rappellent le communisme probablement un peu tropicalise... Mais c est surtout dans les livres que je réalise combien ce pays a été cache derrière notre propagande libéra
le, loin de notre regard, derrière « le rideau de bambous » du communisme en Asie qui construisait l’égalité.




Texte et photos de Cyril Delafosse-Guiramand
Soutien de Guillaume Tourlourat
Photos marquées, courtoisie de Mathias Ducrot qui m’a accompagné sur cette étape.


 

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